On rencontre une femme, et, pour louer ses yeux,
On n’a d’autres moyens que s’en dire amoureux ?
À Chypre, mon pays, jamais on n’exagère,
Et nous aimons surtout un compliment sincère.
Parlons donc franchement ; je l’aime mieux aussi,
Et suis las de jouer à l’amoureux transi.
Je vous avouerai donc, et d’un cœur véritable,
Que, sans vous aimer fort, je vous vois fort aimable ;
Et, si vous me rendiez un peu ce sentiment,
Jamais vous n’auriez eu de plus commode amant.
Qu’entends-je ?
À n’avoir pas besoin d’être riche pour plaire,
Et je suis cependant plus riche et généreux
Que ne le fut jamais un barbon amoureux.
Mes palais, mes trésors seront votre partage ;
Et si, par un hasard, je mourais avant l’âge,
Quelque legs opulent, splendide souvenir,
Vous ferait à jamais un tranquille avenir.
D’ici là, le plaisir, sans quoi tout est chimère,
Embellirait vos jours…
Où donc es-tu, ma mère ?
Votre mère est trop loin pour en apprendre rien.
Oui, je vois que je suis bien seule et sans soutien.