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Et si ce beau portrait par vous n’est pas flatté,
Je lui veux faire un don…

Cléon.

Je lui veux faire un don… Lequel ?

Clinias.

Je lui veux faire un don… Lequel ? La liberté !

Cléon.

L’affranchir ? — ô Plutus ! voyez comme il gaspille !
Une fille si chère !

Paris.

Une fille si chère ! Une si belle fille !

Cléon.

C’est un talent de moins dans ta succession.

Paris.

Il veut faire en sa vie une belle action.

Clinias.

Moi ? — Celle qui vous a tous deux séduits doit être
Une femme pour tous dangereuse à connaître.
Je la veux affranchir pour que sur mes neveux
Elle exerce à son gré le charme de ses yeux ;
Que, loin de leur foyer domestique, elle entraîne
Tous les fils de famille à sa voix de sirène,
Et pousse incessamment mes chers concitoyens
À perdre leur santé, leur repos et leurs biens…
Je l’affranchis, enfin, parce qu’elle est funeste,
Et que, si je pouvais, j’affranchirais la peste.
À l’œuvre donc ! — Cherchons l’esclave, et de ce pas,
La courons affranchir devant les magistrats.
Venez !