Page:Augier - Théatre complet, tome 1.djvu/387

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Adrienne.

Je le sais déjà.Non ; car si tu le savais
Tu n’irais pas plus loin dans ce chemin mauvais.
C’est un mensonge aisé celui dont l’assurance
Défend contre le monde une chère espérance :
Mais qu’il est douloureux et demande d’efforts
Celui qui n’a plus rien à cacher qu’un remords !
Va, tu le connaîtras un jour le dur supplice
De tromper ton mari, maudissant ton complice ;
Et ce sera le jour où tu t’apercevras
Que de sa passion le malheureux est las.

Gabrielle.

L’amant de ton amie était un misérable,
Voilà tout.

Adrienne.

Voilà tout.Non ; c’était un jeune homme honorable,
Et ses premiers serments furent de bonne foi ;
Mais il ne m’aimait plus.

Gabrielle.

Mais il ne m’aimait plus.C’était toi ? — C’était toi !

Adrienne.

Hélas !

Gabrielle.

Hélas ! Ne rougis pas, ô ma chère Adrienne !
C’est un lien de plus ; ma faute aime la tienne !
J’aurai donc une amie à qui me confier,
Qui saura me comprendre et me justifier !

Adrienne.

Je ne chercherai pas de vaine échappatoire ;
Puisqu’un mot m’a trahie, écoute mon histoire,
Et puissent mes douleurs au moins te protéger !