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D’un peu d’illusion saluant votre entrée,
Rencontrait un accueil toujours brusque ou distrait
Dont vous ne me disiez pas même le secret.
Je n’ai connu de vous, entre vos bras jetée,
Que l’irritation loin de moi contractée…
Le respect du devoir m’a soutenue un temps,
Mais est-ce une pâture à des cœurs de vingt ans ?
J’ai succombé. — Mais vous, mon soutien légitime,
Vous qui n’avez rien fait pour me fermer l’abîme,
A ma chute, Monsieur, vous deviez compatir,
Sinon par indulgence au moins par repentir !

Tamponet.

Fort bien. Si je comprends où tend votre argutie,
Il faut de mes affronts que je vous remercie,
Et par contrition je dois peut-être aussi
Vous tendre l’autre joue en vous disant merci.
Morbleu ! Madame, suis-je un homme qu’on bafoue ?
Jamais les Tamponet n’ont tendu l’autre joue,
Et votre amant verra si je suis un mari
Dont la contrition soit un commode abri.

Adrienne.

Pour la dernière fois, Monsieur, je vous répète
Qu’entre monsieur Stéphane et moi rien ne s’apprête ;
Et, s’il ne suffit pas à calmer vos soupçons,
Tant pis ! Je n’entends plus contraindre mes façons,
Et prétends à ma part des libertés modestes
Qu’ont partout nos regards, nos propos et nos gestes.
Avisez.

Tamponet.

Avisez.C’est-à-dire…

Adrienne.

Avisez. C’est-à-dire…On vient ; tenez-vous coi.