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Stéphane.

Hélas ! quel sens a-t-elle en mes mains plus qu’aux vôtres ?

Gabrielle.

L’héroïne du duel vous en donnera d’autres.

Stéphane.

L’héroïne du duel ?… Oui, je me suis battu
Pour une femme aimée, un ange de vertu
Dont je ne mêle pas le nom à cet esclandre,
N’osant pas y toucher sinon pour le défendre.

Gabrielle, timidement.

Vous n’êtes pas blessé ?

Stéphane.

Vous n’êtes pas blessé ? Non, madame. — Voilà
Cette fleur dont je suis indigne.

Gabrielle, après une hésitation.

Cette fleur dont je suis indigne.Jetez-la.

Elle sort.



Scène III

STÉPHANE, seul.

Te jeter, chère fleur qu’elle n’a pas reprise !
Non, non, à te garder son accent m’autorise.
Elle n’a point osé te donner tout à fait,
Mais elle t’a laissée et te donne en effet ;
Elle te donne, ô fleur qui touchas son corsage,
Comme une récompense et presque comme un gage !