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masse, part au massacre de Begogo. Que quelques-uns s’y fussent trouvés, c’était possible, mais à quel titre ? Assassins d’Alfonsi, incendiaires, pillards, ou même simplement recéleurs des objets trouvés en leur possession ?

L’exécution d’Ihosy eut un effet déplorable dans la région ; tous les villages fuyaient vers la forêt dès qu’apparaissait un casque blanc d’Européen, ou une chéchia rouge de tirailleur. Befanhoa parcourait le pays, criant : « Venez avec nous, que vous soyiez ou non des nôtres, vous serez tous tués, voyez ce qui est arrivé aux gens d’Ihosy qui n’avaient rien fait ».

Exécuter des gens en masse, sans preuve de la culpabilité de chacun, c’était méconnaître d’une façon absolue l’état d’esprit de l’indigène de Madagascar, au reste semblable à celui de tous les primitifs.

Le primitif a une conscience très éveillée de la justice. Certes il n’a pas, comme nous, le souci de doser la peine suivant la gravité du crime ou du délit. Il admet la mise à mort, comme sanction d’un acte que nous jugerions justiciable d’une amende ou d’une détention courte : peu importe la peine, il paye ! Il ne pardonne pas une condamnation non justifiée, si légère soit-elle. La mort pour le vol certain d’un pain, soit ! mais deux jours de prison imméritée, c’est un souvenir toujours présent, qui appelle une vengeance. À Ihosy, l’exécution de bourjanes en bloc jeta la terreur dans la région et, après être arrivé à Midongy le 8, la colonne, sur son chemin de retour, trouva tous les villages abandonnés.

En fait, l’opération répressive du capitaine