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On peut s’étonner que deux Européens, dont une femme, aient pu traverser, sans y laisser leur vie, une région en pleine révolte, alors que les meurtres de Vinay, Baguet, Choppy, démontraient la férocité des indigènes.

Cette fortune de Mlle B… et du R. P. Coindard peut s’expliquer en partie : d’abord par cette considération qu’aucun des deux n’avait eu directement part aux agissements administratifs, griefs des insurgés, par cette autre raison que Mlle B… et le R. P. Coindard avaient rendu des services personnels à de nombreux naturels du pays. Sans écarter ces motifs de leur modération relative, je Pense que les assaillants de Ranomafana étaient relativement peu dangereux, parce qu’ils n’avaient Pas eu de contact direct avec la bande de Kotavy et les autres héros des drames d’Amparihy.

Les bourjanes du ressort de Ranomafana s’étaient soulevés, non pas sous l’influence des gens du nord, mais simplement en apprenant leurs hauts faits, avant qu’ils ne fussent arrivés devant Ranomafana même. Dès que les gens du nord furent sur place, quelques heures après le départ de Mlle B…, ils incendièrent le poste après l’avoir pillé de fond en comble.