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lui avait dit : « Si jamais il arrive quelque chose, sauve la caisse avant nos affaires personnelles ». Mlle B… rentre dans l’appartement du poste, y prend la somme qui s’y trouvait, 7.000 francs environ, et la place dans une caisse de cartouches. Elle abandonne, ne pouvant transporter un poids si élevé, 600 francs de billon en sacs de 50 francs chacun. Deux prisonniers sont chargés de la caisse ; Mlle B… emporte elle-même quelque argent personnel dans un coffret de fer.

Mlle B… se met en route en compagnie du R. P. Coindard, de la mission de Ranomafana, fuyant aussi devant l’émeute, et sept tirailleurs, rien moins que sûrs, je le répète, puisque recrutés dans le pays actuellement tout entier insurgé.

La troupe traversa d’abord la rivière Mananpany. Sur l’autre rive une bande, occupant les hauteurs, faisait mine de barrer le passage ; la menace des baïonnettes rendit la route libre.

À un kilomètre plus loin, survint tout à coup une troupe menant grand tapage, armée de haches, de sagaies, accusant les Européens en retraite d’avoir rendu les fusils du poste inutilisables. Les fahavalos n’avaient en effet trouvé que quelques vieilles carabines, en mauvais état, les tirailleurs ayant emporté leurs fusils.

Pendant que Mlle B… parlementait avec Mahavelo, chef du village de Masianaka, du voisinage de Ranomafana, et tournait le dos à la caisse, les deux porteurs, — des prisonniers — se jetèrent sur l’argent. Au pillage prit part toute la bande, même les soldats d’escorte. Mlle B… parvint à recouvrer dans le tumulte un sac de 1.000 francs en pièces de 5 francs et la petite caisse de métal que quelques indigènes essayaient de briser à coups