travail forcé qui n’a jamais produit que des résultats partiels et temporaires.
Le travail forcé ne peut être imposé que par des moyens indirects. Évidemment, comme nous l’avons vu à Madagascar dans la province de Farafangana, des travaux de routes ont pu être réalisés par l’action directe des miliciens ou des tirailleurs, racolant les indigènes dans les villages, les amenant sur les chantiers, leur imposant des tâches et les obligeant par la force à les accomplir.
Le rendement du système était médiocre, quant à la marche du travail, et s’il avait dû être généralisé, étendu à toute l’île, il eût nécessité un nombre de surveillants égal à celui des travailleurs. À quel prix, même en ne payant pas les ouvriers, reviendrait cette organisation ? Aussi fallut-il à Madagascar recourir à un procédé indirect. Le général Galliéni décida que la réquisition pèserait seulement sur les indigènes n’ayant pas un engagement de travail avec un colon.
Ce fut la création d’une industrie : celle d’engagiste d’indigènes. Des gens aussi ingénieux qu’indélicats engagèrent des travailleurs indigènes… à condition que ces indigènes leur versent une certaine somme. Pour éviter les corvées, les ouvriers payants affluèrent et quelques colons véreux se constituèrent ainsi de confortables revenus.
Quelques Européens, en compensation du certificat d’engagement, ne demandaient pas de l’argent : c’était les missionnaires. Les catéchumènes devenaient des engagés, étaient soustraits à la corvée moyennant la fréquentation des prêches et quelques journées de travail dans les rizières de la mission.
Quant aux indigènes trop pauvres pour échapper