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c’était s’acquérir auprès d’un ministre qui prétendait donner à la colonisation le caractère d’une association entre Français et indigènes, des titres non négligeables. Et puis un secrétaire général, sorte de Dauphin, intérimaire désigné du gouverneur général, a toujours, comme jadis les fils de France, une politique un peu indépendante, se traduisant non pas en critiques ouvertes, mais par une attitude de passivité résignée, laissant entendre que bien des mesures lui sont imposées.

D’un autre côté, avouer les méfaits de certains agents présentait un danger. Le ministre ne manquerait pas de demander comment de tels faits avaient pu échapper à l’administration supérieure et le secrétaire général, chef de cette administration, au courant de tout, chargé de la direction du personnel, risquerait d’être accusé d’un défaut de surveillance. Rejeter la responsabilité de cette ignorance sur l’insuffisance du chef de district, voire du chef de province, c’était une défaite, inacceptable pour le Ministre. M. Lepreux n’hésita pas : si personne n’avait rien su, c’était la faute des indigènes ; ils ne s’étaient pas plaints, redoutant de la part de l’autorité française les procédés dont ils avaient souffert sous le gouvernement Howa. L’administration de Madagascar n’avait rien à se reprocher ; l’insurrection avait eu une cause intrinsèque : la sauvagerie des tribus. Des causes extrinsèques avaient pu jouer un rôle : l’impôt ? Non. Les brutalités de certains agents ? Peut-être. Mais ces brutalités étaient demeurées ignorées, parce que les indigènes n’en avaient rien dit.

Nous allons, dans les chapitres suivants, examiner l’importance de ces causes extrinsèques, voir