Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vis-à-vis des récalcitrants. Sans ajouter foi aux racontars qui le représentent comme un tortionnaire, il est permis de supposer cependant, que grisé par sa situation et confiant dans son éloignement du chef-lieu du district, il devait se considérer comme un petit potentat et agir en conséquence…

…Quant à Choppy, qui avait cru pouvoir monopoliser à son profit tout le commerce de la région, au point de vouloir empêcher les malgaches de préparer du sel avec de l’eau de mer, les obligeant ainsi à se fournir chez lui de cette denrée indispensable et coûteuse, il incarnait le type accompli de l’exploiteur d’indigènes, s’arrogeant tous les droits du conquérant, etc… Profitant de ses bonnes relations avec Vinay, abusant de la bienveillance que l’administration témoigne à tout colon établi dans un pays neuf, il se considérait comme nanti d’une véritable délégation d’autorité et terrorisait les habitants auxquels il infligeait punitions et amendes.

Comment de tels faits ont-ils pu échapper à la vigilance du chef de district et du chef de province ? Comment ces fonctionnaires n’ont-ils jamais perçu l’écho de ces abus ? Pour qui connaît le caractère habituel du Malgache, le problème n’est pas insoluble et particulièrement quand il se pose dans la région qui nous occupe. Des relations qu’elles ont eues avant notre prise de possession du pays, avec des peuples de civilisation plus avancée, les tribus du sud ont conservé, à juste titre, un souvenir fâcheux. Chaque fois que confiantes dans les promesses qui leur avaient été faites par le gouvernement howa, elles étaient venues faire acte de soumission ou présenter des doléan-