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ses de Kotavy à l’interrogatoire de M. Lepreux ; il n’en est rien. Ce sont des interprétations de la conduite de Kotavy, lequel ne fut pas interrogé par le gouverneur-général intérimaire.

J’ai sous les yeux un procès-verbal de la comparution de Kotavy, rédigé le jour même par un des assistants, appartenant à la suite de M. Lepreux.

Kotavy fut extrait de la prison de Sandravinany, enchaîné aux bras et aux jambes et porteur d’une lourde cangue, sous la surveillance de deux Sénégalais. Il fut interrogé, non pas par M. Lepreux, mais par M. Benevent, administrateur chef, commandant la province de Farafangana. Cet interrogatoire ne fut pas rigoureux ; il se transforma en une conversation presque à bâtons rompus ; une seule phrase de Kotavy est à retenir : « Il s’était révolté parce que lui et ses frères étaient persécutés ».

La forme prise par cet interrogatoire s’explique aisément. M. Benevent, parlant la langue du pays, inconnue du gouverneur-général intérimaire, était tout désigné comme interrogateur. Ceux qui ont connu M. Lepreux, personnage infatué de son importance, soucieux avant tout de prestige, ne le pouvaient voir se commettre avec un simple caporal de milice.

Quant au fond de l’interrogatoire, aux raisons ayant amené Kotavy à se rebeller, M. Benevent, qui avait défendu Vinay et toujours soutenu que les causes de la révolte n’avaient pas été des fautes, des exactions commises par le personnel sous ses ordres, était peu disposé à recevoir de Kotavy des déclarations jugées dangereuses.

Entre les assistants s’engagea une conversation : qu’allait-on faire de Kotavy ? Les militaires deman-