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ainsi que quelques espèces d’oies ; et alors leurs pieds s’agitent en l’air pour les aider, j’imagine, à se maintenir en équilibre. Parfois cependant ils font des excursions dans les terres et paissent l’herbe, non de côté, comme les oies, mais plutôt comme les canards et la volaille. Ils mangent différents végétaux, des feuilles, des graines, des insectes aquatiques, des limaces, de petits reptiles et de petits quadrupèdes. La chair du jeune Cygne est excellente, mais celle des vieux est sèche et coriace.

Une fois, à Henderson, j’en pris un vivant : c’était un mâle qui pouvait avoir deux ans. Il n’avait reçu qu’une légère blessure au fouet de l’aile, et je parvins à m’en emparer, après lui avoir longtemps donné la chasse sur un étang d’où il n’avait pu s’envoler. Emporter à près de deux milles de là un oiseau de cette force et de cette taille n’était pas chose facile ; mais je savais qu’il ferait plaisir à ma femme et à mes petits enfants, et je ne perdis pas courage. Quand il fut à la maison, je lui rognai le bout de l’aile blessée et le lâchai dans le jardin. Il se montra d’abord extrêmement craintif et farouche, puis s’accoutuma peu à peu aux domestiques, qui le nourrissaient très bien, et se rendit enfin si familier, qu’il venait, à l’appel de ma femme, manger du pain dans sa main. Trompette, c’était le nom que nous lui avions donné, déploya un caractère que rien jusque-là n’aurait fait soupçonner : devenu aussi audacieux qu’il avait été timide, il harcelait mon dindon mâle, mes chiens, ainsi que les enfants et les domestiques. Chaque fois qu’on laissait ouvertes les portes du