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gnant un pouce ou deux à chaque pas, levant un pied, puis l’autre, et s’accrochant sur les côtés avec la pointe recourbée de leurs griffes qui, lorsque je passai ma main dessus, me parurent aussi fines que des aiguilles. On les nourrit facilement avec de la farine de maïs trempée dans de l’eau ; et quand ils prennent des forces, ils savent eux-mêmes très adroitement attraper des mouches. À moitié venus, je les fournis abondamment de locustes encore sans ailes, que de jeunes garçons me ramassaient sur des troncs d’arbres et des tiges de vernonia[1], sorte de chanvre sauvage très commun dans ces contrées. Je les leur jetais sur un petit étang artificiel que j’avais dans mon jardin, et bien souvent je me suis amusé à les voir courir et se battre ensemble à qui les aurait. Ils croissaient rapidement ; mais je leur coupai le bout des ailes, et tous, l’un après l’autre, ils furent pondre dans des boîtes que j’avais placées convenablement sur l’eau, et entourées d’un rang de piquets auprès desquels on avait eu soin de mettre les matériaux nécessaires à la construction de leur nid.

Mais rien n’est intéressant, dans l’histoire de ces oiseaux, comme l’époque de leurs amours. L’élégance de leur parure, la propreté de leur plumage, la grâce de leurs mouvements, tout, en eux, est pour l’observateur l’objet d’un plaisir qui ne s’épuise jamais. J’ai eu cent

  1. Iron-weed (Vernonia novœboracensis, Linn.), genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, de la famille des Composées, et consacré à la mémoire de Guillaume Vernon, botaniste américain.