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du même sexe ; mais les deux plumes du milieu de la queue étaient partiellement rayées, et elle avait les mêmes marques. Quand elle était jeune, je la menais souvent à un étang, croyant qu’elle aimerait l’eau et que cela la fortifierait. Loin de là, elle ne cherchait qu’à regagner le bord, et semblait redouter l’élément au milieu duquel la nature l’avait appelée à vivre. Quand je la jetais dedans, elle plongeait sur le coup, puis, l’instant d’après, remontait à la surface et nageait avec la même aisance qu’un canard ordinaire. C’était un oiseau d’un naturel hardi ; il tenait en respect poules et dindons dans la cour, s’attaquait à tous les chiens qui passaient par là, en leur administrant de droite et de gauche de grands coups de son bec pointu. Parfois, il se postait devant leur auge, ne leur laissait prendre un morceau qu’après les avoir longuement harcelés et taquinés, ou même ne leur permettait d’approcher que pour se partager ses restes.

» Ce ne fut que lorsqu’il eut toutes ses plumes qu’il se montra désireux d’aller à l’eau, et dès lors, chaque fois qu’il me voyait prendre le chemin de l’étang, il m’accompagnait jusqu’à la porte du jardin, semblant me dire : Je t’en prie, laisse-moi sortir. Quand je la lui ouvrais, il me suivait en se dandinant d’un côté et de l’autre, comme fait le canard ; et dès qu’il apercevait l’eau, il s’y précipitait, non en plongeant, mais en se jetant de dessus une planche ; ensuite, après avoir nagé quelque temps, il enfonçait son long cou dans le courant, et plongeait alors pour attraper du poisson. L’eau était claire, et je pouvais suivre tous ses mouve-