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Un jour, en entrant dans la maison d’un humble colon, sur la rive occidentale du Mississipi, je remarquai deux jeunes Anhingas qu’on avait pris dans un nid qui en contenait quatre et était bâti sur un grand cyprès, au milieu d’un lac, à l’est du fleuve. Ils étaient maintenant apprivoisés, tout à fait familiers et très attachés à leurs parents adoptifs, l’homme et la femme de la maison, qu’ils suivaient partout. Ils mangeaient indifféremment du poisson et des crevettes ; et quand il n’y en avait pas, se contentaient de maïs bouilli, dont ils recevaient très adroitement chaque grain, à mesure qu’on le leur jetait. J’appris, dans la suite que, lorsqu’ils furent devenus grands, on les laissait aller au Bayou et sur les étangs des deux rives, où ils pêchaient pour leur propre compte, et que régulièrement, à la nuit, ils revenaient se percher sur le faîte de la maison. C’étaient deux mâles, qui plus d’une fois se livrèrent entre eux de rudes combats ; mais enfin ils firent chacun la rencontre d’une femelle qu’ils décidèrent, dans les premiers temps, à venir partager leur perchoir, où ils dormaient tous quatre ensemble. Cependant les femelles ayant sans doute pondu dans les bois, les deux couples disparurent, et les personnes qui me racontaient cette petite histoire ne les ont plus revus.

La Dame-Grecque devient farouche quand elle habite dans des contrées où la population est nombreuse ; mais ce cas est rare, comme je l’ai dit précédemment ; et lorsqu’elle ne quitte pas ses paisibles et solitaires retraites où presque jamais on ne va l’inquiéter, elle se laisse approcher très facilement. Quelquefois même