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pris la fuite ne tardèrent pas à revenir se faire tuer au même endroit, et il continua de tirer jusqu’à ce qu’enfin, craignant que dans le nombre ne se trouvassent ceux de sa basse-cour, il cessa le massacre et alla chercher ses victimes : il y en avait quatre-vingt-douze, dont la plupart étaient des Canards de la Vallisnérie.

» Pour empêcher les chiens, pendant qu’ils manœuvrent sur le rivage, de courir dans l’eau, on ne leur permet jamais d’y aller pour rapporter le gibier ; mais on dresse, à cet effet, une autre grosse espèce croisée de chiens de Terre-Neuve et de barbets. Ces animaux, quand ils voient la partie engagée ou sur le point de se terminer, semblent y prendre non moins d’intérêt que le chasseur lui-même. Tant que les oiseaux sont en l’air, leurs yeux s’occupent continuellement à regarder de quel côté ils viennent ; et souvent, par certains gestes, ils m’ont averti de l’arrivée d’une troupe encore trop éloignée pour qu’un homme eût pu l’apercevoir. Lorsque les Canards approchent, les chiens se couchent, mais sans jamais les quitter de l’œil, et au moment où le coup part, ils se relèvent d’un bond pour mieux juger du résultat. Si un Canard tombe roide mort, ils plongent et le rapportent ; mais très souvent ils attendent pour savoir comment il est tombé et dans quelle direction il nage. Ils semblent reconnaître, presque aussi bien que le chasseur, quand il n’y a pas de chance de le prendre, et alors ils n’y essayent même pas, sachant par expérience que, lorsqu’il n’est simplement que désailé, il leur échappe presque toujours en plongeant. Ces chiens ne rapportent d’ordinaire