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l’établit tantôt au bord de la mer, tantôt près d’un lac ou d’un étang d’eau douce. On la connaît, dans ce pays, sous le nom d’Oie voyageuse, car on la dit entièrement émigrante, tandis qu’au contraire l’Oie du Canada réside. Mais dans toutes mes excursions, et malgré tous mes efforts, je n’ai pu parvenir à me procurer seulement une plume de cette prétendue espèce.

Pendant notre expédition à Terre-Neuve, et comme nous revenions du Labrador, le 15 août 1833, nous remarquâmes de petites troupes d’Oies du Canada qui se dirigeaient déjà vers le sud. Dans ces contrées, leur apparition est saluée avec transport, et l’on en tue un grand nombre. C’est surtout au bord des lacs, dans l’intérieur de ce pays si curieux à observer, qu’elles se reproduisent abondamment. Dans le port de Great-Macatina, au Labrador, je vis un gros tas de ces oiseaux qu’on avait rassemblés là depuis quelques jours, et qui étaient déjà salés pour l’hiver. Il pouvait y en avoir plusieurs centaines, et toutes avaient été tuées lorsqu’elles n’étaient point encore en état de voler. On me dit que cette espèce se nourrissait principalement de feuilles de sapin nain ; et à l’inspection du gésier, je reconnus que c’était vrai.

Les petits, dès qu’ils vont à l’eau, savent déjà plonger très adroitement à la moindre apparence de danger. Dans l’ouest et le sud, ces oiseaux ont pour ennemis, sur l’eau, l’alligator, l’orphie et la tortue ; sur terre, le couguar, le lynx et le raton ; dans les airs, ils se voient souvent attaqués par l’aigle à tête blanche. Ils sont très robustes, et des individus peuvent vivre en