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le mâle et la femelle sont devenus très bruyants ; on les voit volant aux environs, tournoyant en l’air de diverses manières, criant fort, se jouant ensemble, puis allant se reposer sur les branches sèches de l’arbre où déjà se prépare le nouveau nid, où peut-être simplement ils s’occupent à reparer l’ancien, tout en se prodiguant de mutuelles caresses. Dans les premiers jours de janvier, l’incubation commence. Je tuai une femelle le dix-sept du même mois, pendant qu’elle était sur ses œufs, dans lesquels je trouvai les germes déjà bien avancés.

Le nid, très vaste dans quelques cas, est ordinairement placé sur un arbre extrêmement élevé, dénué de branches jusqu’à une hauteur considérable, mais non toujours entièrement mort. On n’en trouve jamais sur des rochers. Il se compose de bâtons longs de trois à cinq pieds, de grands morceaux de gazon, d’herbes sauvages et de mousse d’Espagne[1] en abondance, quand il y en a dans le voisinage. Lorsqu’il est terminé, il mesure de cinq à six pieds en diamètre, et l’accumulation des matériaux y est si considérable, que quelquefois il les mesure également en profondeur, le même ayant été souvent occupé pendant une suite d’années et recevant des augmentations à chaque saison. Quand il est placé sur un arbre dépouillé de feuilles et à la bifurcation des branches, on l’aperçoit distinctement d’une grande distance. Les œufs, au nombre de deux à quatre, et plus communément de deux ou trois, sont d’un

  1. C’est une usnée, genre de plante cryptogame de la famille des lichens.