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et s’en régaler. J’en ai vu un exemple assez plaisant, non loin de la ville de Natchez, sur le Mississipi : plusieurs vautours étaient occupés à dévorer le corps et les entrailles d’un cheval, lorsqu’un aigle à tête blanche venant à passer par là, tous prirent immédiatement la fuite, l’un d’eux en emportant une portion d’intestin seulement à moitié avalée, et dont l’autre bout, long environ d’un mètre, pendillait de son bec, en l’air. À l’instant, l’aigle l’aperçoit et lui donne la chasse. L’infortuné vautour faisait de vains efforts pour rendre gorge, quand l’aigle arrivant dessus, prend l’extrémité libre du boyau, et traîne, dix ou quinze mètres, le pauvre oiseau qui tire à l’opposé. Enfin, tous deux étant tombés par terre, l’aigle frappe le vautour et le tue en quelques coups ; puis il engloutit le délicieux morceau.

J’ai entendu parler de diverses tentatives de cet aigle pour détruire des enfants ; mais je n’en ai jamais été témoin par moi-même, bien que doutant peu qu’il n’ait assez d’audace pour essayer un pareil coup.

Le vol de l’aigle à tête blanche est puissant, généralement uniforme, et capable de se prolonger à toute distance, comme il lui plaît. Il est entièrement soutenu par des battements d’ailes aisés, égaux et non interrompus, du moins autant que j’ai pu le suivre avec mes yeux, ou à l’aide d’une lunette. Lorsqu’il cherche la proie, il plane, les ailes toutes grandes ouvertes, à angle droit avec la ligne de son corps, et laissant de temps à autre, pendre ses jambes de toute leur longueur. Quand il est ainsi en l’air, il peut monter d’un mouvement circulaire, sans un simple battement d’ailes,