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mieux mieux, prennent le chemin de la maison, où après un repas copieux, ils passent la soirée et une partie de la nuit à danser et s’amuser à leur manière, c’est-à-dire, avec une simple et franche cordialité, et sans beaucoup se troubler l’esprit de l’idée qu’il leur faudra, dès le matin, commencer de non moins pénibles travaux.

Cependant, le matin est bientôt venu ; l’un d’eux, du seuil des magasins, donne le signal au son de la corne, et chacun retourne à son ouvrage. Scieurs et charpentiers déjà sont à la besogne ; tous les moulins tournent à la fois, et ces gros troncs qui, quelques mois auparavant servaient de support à des cimes verdoyantes et touffues, se voient maintenant taillés, fendus en planches qu’on lance sur le courant, et dont on forme des radeaux pour le marché.

Durant les mois de l’été et de l’automne, le Lehigh qui, de lui-même, est une petite rivière, devient extrêmement bas ; et il serait impossible d’y faire flotter des trains de bois, si l’on n’y eut artificiellement pourvu, en mettant en réserve un supplément d’eau. Pour cet objet, à la gorge de la chaussée la moins haute, on a pratiqué une porte que l’on ouvre à l’approche des trains. Ils passent alors avec la rapidité de l’éclair, poussés par les eaux accumulées dans l’écluse et qui suffisent d’ordinaire à les porter jusqu’à Mauch-Chunk ; après quoi, entrant dans des canaux réguliers, ils ne rencontrent plus d’obstacle pour arriver à destination.

Du temps que la population ne s’était pas encore multipliée dans cette partie de la Pensylvanie, il y avait aux environs, abondance de toute sorte de gibier. L’élan