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et quel plaisir aussi de l’entendre me lire ses poëmes favoris de Burns, pendant que, le crayon à la main, je donnais la dernière touche au dessin d’un oiseau que j’avais là devant moi ! Oui ! c’en était assez pour faire revivre, dans ma mémoire, les fraîches impressions de mon enfance, alors qu’émerveillé, je lisais les descriptions de cet âge d’or que je retrouvais ici réalisé sous mes yeux.

Le Lehigh qui coule non loin, décrit brusquement plusieurs coudes entre les montagnes, et donne naissance à de nombreuses chutes au-dessous desquelles de vastes réservoirs font, de cette rivière, une ressource précieuse pour l’établissement de toutes sortes de moulins.

Quelques années avant l’époque dont je parle, mon hôte avait été choisi comme agent de la compagnie charbonnière du Lehigh ; il fut chargé en outre de la construction des moulins, et de surveiller l’exploitation des beaux arbres qui couvraient les montagnes aux environs. Jeune, fort, actif, et de plus, industrieux et persévérant, il se mit à la tête de quelques ouvriers, planta tout d’abord sa tente aux lieux où maintenant se voit sa maison ; puis, ayant déblayé à force de bras, la route dont j’ai parlé plus haut, il finit par atteindre la rivière au centre d’un tournant, et y construisit plusieurs moulins. À cet endroit, le passage se rétrécit tellement, qu’il semble avoir été formé par un déchirement de la montagne dont les flancs se dressent abrupts de chaque côté ; aussi la place où s’élevèrent les premiers bâtiments est-elle presque partout d’un difficile accès,