Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sentis prévenu. Son langage indiquait un jeune homme instruit ; de son côté, il s’aperçut que moi-même je n’étais pas non plus sans quelques connaissances ; et finalement il me dit adieu, d’un ton qui me donna beaucoup à espérer.

L’ouragan était déjà balayé, lorsqu’au matin les premiers rayons du soleil étincelaient sur le feuillage humide dont ils faisaient éclater toute la richesse et la splendeur. Mon oreille s’ouvrait délicieusement aux notes si douces, si mélodieuses de la grive des bois et autres oiseaux chanteurs ; à peine avais-je fait quelques pas, que la détonation de mon fusil réveillait l’écho des bois, et je ramassais, parmi les feuilles, une charmante fauvette que j’avais longtemps cherchée, mais jusqu’ici toujours en vain. Je n’en demandais, pour l’instant, pas davantage ; et tout en faisant une courte halte, je pus me convaincre que le marais hébergeait nombre d’autres sujets non moins précieux pour moi.

Le neveu me rejoignit bientôt, sa carabine sur l’épaule, et s’offrit à m’accompagner au travers des bois dont il connaissait toutes les retraites ; mais j’étais impatient de fixer sur le papier, la forme et la beauté de mon petit oiseau ; je le priai donc de casser, pour marquer la place, une branche de laurier en fleurs, et revins avec lui à la maison, ne parlant plus que de l’aspect enchanteur de la contrée, et des scènes pittoresques qu’offrait le paysage autour de nous.

Plusieurs jours se passèrent, durant lesquels je fis connaissance avec mon hôtesse et sa petite famille ; et sauf quelques rares excursions, j’employais la plus