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aspect très divers, les unes savamment cultivées, d’autres encore à l’état de nature, et qui ne m’en plaisaient que mieux. En descendant de voiture, j’entrai dans la salle des voyageurs et demandai l’hôte. Sur-le-champ, je vis venir à moi un jeune homme de bonne mine auquel je fis part de ce que je désirais. Il me répondit d’un air affable, offrant de me loger et de me nourrir à bien meilleur compte que les voyageurs qui venaient pour le simple plaisir de se faire traîner sur le railway. En un mot, nous étions d’accord au bout de cinq minutes, et je me trouvais installé très confortablement.

Au premier chant du coq annonçant au petit village l’approche du jour, j’étais en route avec mon fusil et mon album, pour juger par moi-même des ressources du pays. Je me dirigeai à travers champs, gravis je ne sais combien de montagnes escarpées, et m’en revins, sinon fatigué, au moins très désappointé de n’avoir pas vu d’oiseaux ; aussi fis-je de suite mes arrangements avec un voiturier, pour être transporté dans les parties centrales du grand marais de pins ; et sans retard nous partîmes. Il commençait alors à s’élever un ouragan furieux ; néanmoins j’ordonnai à mon conducteur de pousser en avant. Il nous fallut tourner plus d’une haute montagne, et nous parvînmes enfin à en franchir une qui dominait toutes les autres aux environs. Le temps était devenu affreux ; la pluie nous transperçait jusqu’aux os, mais ma résolution était inébranlable, et le postillon dut continuer sa route. Après avoir ainsi fait environ quinze milles, nous quittâmes la chaussée, et nous engageâmes dans une montée étroite et difficile