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Lorsqu’ils sont attaqués par les deux grandes espèces de hiboux mentionnées plus haut, ils doivent souvent leur salut à une manœuvre qui ne laisse pas que d’être remarquable : comme ils perchent habituellement en société, sur des branches nues, ils sont aisément découverts par leurs ennemis les hiboux, qui, sur leurs ailes silencieuses, s’approchent et voltigent autour d’eux pour faire une reconnaissance. Cela, néanmoins, s’effectue rarement sans qu’ils soient aperçus par les dindons ; et à un simple cluck de l’un d’eux, toute la troupe est avertie de la présence du meurtrier. À l’instant ils sont debout, attentifs aux évolutions du hibou qui, après en avoir choisi un pour victime, fond dessus comme un trait, et s’en emparerait infailliblement si, à l’instant même, le dindon baissant la tête et restant immobile, ne renversait sa queue sur son dos. Alors l’assaillant, ne rencontrant plus qu’un plan mollement incliné, glisse le long sans faire de mal au dindon ; et celui-ci, sautant aussitôt à terre, en est quitte pour la perte de quelques plumes.

On ne peut pas dire que ces oiseaux s’en tiennent à un seul genre de nourriture, puisqu’ils mangent de l’herbe, du blé, des fruits et des baies de toutes sortes. J’ai souvent trouvé dans leur jabot des hannetons, des grenouillettes et de petits lézards.

Mais aujourd’hui, ils sont devenus extrêmement sauvages ; et du moment qu’ils aperçoivent un homme, qu’il soit de la race blanche ou rouge, instinctivement ils s’en éloignent. Leur mode habituel de progression est ce qu’on appelle la marche, durant laquelle on les