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couguar. Les coqs commencent, vers ce temps, à montrer le pinceau de poil à la gorge, à glouglouter et à se pavaner, tandis que les femelles font ce singulier bruit de chat qui file, et ces drôles de sauts que j’ai décrits précédemment.

Vers ce temps aussi les vieux coqs se sont rassemblés ; il est probable que tous alors ils quittent les districts reculés du nord-ouest, pour gagner le Wabash[1], l’Illinois, la rivière Noire, et le voisinage du lac Érié.

Des nombreux ennemis du dindon sauvage, les plus formidables, après l’homme, sont le lynx, le hibou de neige et le grand duc de Virginie. Le lynx suce les œufs et est très adroit à s’emparer des vieux comme des jeunes, ce qu’il exécute de la manière suivante : quand il a découvert une troupe de ces oiseaux, il les suit à distance pendant quelque temps, jusqu’à ce qu’il soit bien assuré de la direction dans laquelle ils vont continuer de s’avancer. Alors, par un rapide circuit, il se porte en avant de la troupe, se couche en embuscade, et quand les dindons arrivent, saute d’un bond sur l’un d’eux et le prend. Un jour que je me reposais dans les bois, au bord du Wabash, j’observai deux beaux coqs qui, sur une souche près de la rivière, s’occupaient à s’éplucher et à faire leur toilette ; tout à coup l’un d’eux se précipite dans l’eau, et j’aperçois l’autre se débattant sous les griffes d’un lynx.

  1. Le Wabash, rivière qui prend sa source dans l’ouest de l’État d’Ohio, et afflue dans la rivière de ce nom, après un cours d’environ 180 lieues.