Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/466

Cette page a été validée par deux contributeurs.

si forte est la pression qu’exerce sur elle l’écaille de la tortue qu’on laisse filer comme une baleine, et qui bientôt s’épuise. Alors on la prend en la ramenant au bout de la ligne avec de grandes précautions. De cette manière, me dit le pilote, huit cents tortues vertes furent capturées en douze mois par un seul homme.

Chaque pêcheur a son réservoir, qui est une sorte de construction carrée, ou de parc en bois fait de grosses souches assez distantes l’une de l’autre pour que la marée puisse y entrer librement, et qu’on a enfoncées debout dans la vase. Les tortues sont enfermées dans cet enclos où on les nourrit jusqu’à ce qu’elles soient vendues. Si ces animaux, avant d’être emprisonnés n’ont pas encore pondu, ils laissent tomber dans l’eau leurs œufs qui se trouvent ainsi perdus. Le prix des tortues vertes, pendant mon séjour à la clef de l’ouest, était de quatre à six cents par livre.

Les amours de la tortue sont conduites d’une façon véritablement extraordinaire ; mais les détails que j’aurais à donner là-dessus sembleraient peut-être déplacés ici, et j’aime mieux passer sur ce chapitre. Il y a pourtant, en ce qui concerne leurs mœurs, une circonstance que je ne puis omettre, bien que je ne l’aie pas vérifiée par moi-même, et n’en sache que ce que l’on m’a rapporté. Pendant mon séjour aux Florides, plusieurs pêcheurs m’assurèrent que toute tortue prise à la place même où elle dépose ses œufs, et transportée sur le pont d’un navire à une distance de plusieurs centaines de milles, ne manquait jamais, si on la mettait ensuite en liberté, de regagner le lieu où elle avait