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broyer aussi aisément qu’un homme casse une noix. On en avait apporté une à bord de la Marion, qui fut placée près de la patte d’une des ancres ; et elle marqua si profondément l’empreinte de ses dents dans cette pièce de fer forgé, que j’en fus réellement étonné. La tortue à trompe se nourrit de mollusques, de poissons, de crustacés, d’oursins et de différentes plantes de mer.

Les unes et les autres, elles fendent l’eau avec une agilité surprenante. La tortue verte et la tortue à bec de faucon particulièrement rappellent, par la rapidité et l’aisance de leurs mouvements, le vol de l’oiseau. Aussi n’est-il pas facile d’en frapper une avec l’épieu ; et cependant c’est ce que sait faire, et même assez souvent, un pêcheur accompli.

En visitant la clef de l’ouest et autres îles sur la côte où j’ai recueilli les observations que je vous présente, j’eus besoin d’acheter quelques tortues pour régaler mes amis à bord de la dame au vert manteau ; non pas mes amis, ses galants officiers, ou les braves garçons qui formaient son équipage ; car tous, depuis longtemps, s’en étaient donné à cœur joie de soupe de tortue ; mais mes amis les hérons dont j’avais bon nombre en cage, que je destinais à J. Bachman de Charleston, ainsi qu’à diverses autres personnes non moins estimables. Je me rendis donc, accompagné du docteur Strobel, à un réservoir pour en marchander ; et là, à ma grande surprise, je trouvai que, plus les tortues étaient petites, pourvu qu’elles fussent au-dessus de dix livres, plus on les tenait à un haut prix ; à ce point que j’aurais pu