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derrière ; et elle le retire avec tant d’adresse, que rarement, pour ne pas dire jamais, il n’en retombe des côtés. Elle l’enlève en faisant alternativement usage de chacune de ses pattes qui lui servent comme de larges pelles, et peu à peu elle l’entasse derrière elle ; alors s’appuyant avec force du devant sur le terrain qui lui fait face, elle détache à droite et à gauche, de vigoureux coups de pattes qui l’envoient voler quelquefois à plusieurs mètres. De cette manière, le trou se trouve creusé à dix-huit pouces ou même à plus de deux pieds de profondeur. Notez que tout ce travail, je l’ai vu exécuter dans le court espace de neuf minutes. Cela fait, elle dépose ses œufs l’un après l’autre, au nombre de cent cinquante ou parfois de près de deux cents, et les arrange par couches régulières. Le temps qu’elle emploie à cette partie de l’opération peut être de vingt minutes ; alors elle ramène sur les œufs le sable éparpillé, et en nivelle si parfaitement la surface, que peu de personnes s’apercevraient qu’on a remué quelque chose à cet endroit. Lorsqu’ainsi tout est bien terminé à son gré, elle se hâte de regagner l’eau, s’en remettant, pour l’éclosion de ses œufs, à la chaleur du sable. Pendant qu’une tortue, la tortue à grosse tête, par exemple, est dans l’acte même de la ponte, vous aurez beau vous approcher d’elle, elle ne bougera pas, dussiez-vous même lui monter sur le dos ; tant elle est, à ce moment, incapable d’interrompre sa tâche, tant il lui semble nécessaire de la continuer coûte que coûte. Mais dès qu’elle a fini, la voilà qui se sauve ; et il serait impossible, à moins d’être un hercule, de la re-