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que les clefs les plus reculées, et pond aussi deux fois, en juillet et en août ; mais on la voit beaucoup plus tôt grimper sur les bords de ces îles, probablement pour y chercher d’avance un lieu de sûreté. Elle donne près de trois cents œufs.

La tortue à grosse tête visite les Tortugas en avril ; et depuis cette époque jusqu’à la fin de juin, elle fait trois pontes, chacune d’environ soixante-dix œufs. Enfin, la tortue à trompe, qui est quelquefois d’une taille énorme et porte une poche comme le pélican, arrive la dernière au rivage. Son écaille et sa chair sont si molles, que le doigt entre dedans comme dans un rouleau de beurre. Aussi considère-t-on cette espèce comme inférieure ; et peu de personnes en mangent, si ce n’est les Indiens qui, toujours aux aguets dès que commence la saison de la tortue, emportent d’abord les œufs, puis s’emparent de l’animal lui-même. Elle fait deux pontes par an, et le nombre de ses œufs peut être de trois cent cinquante.

Cette dernière et la tortue à grosse tête sont celles qui prennent le moins de précautions, quant au choix de la place qu’elles destinent à garder leurs œufs. Les deux autres ne les confient qu’aux lieux les plus retirés et les plus sauvages. La tortue verte se réfugie soit sur les bords du Main, entre le cap Sable et le cap Floride ; ou bien elle entre dans l’Indienne, l’Halifax et autres grandes rivières ou détroits, d’où elle regagne aussi vite que possible la pleine mer. Il en périt cependant un grand nombre sous les coups des pêcheurs et des Indiens ; sans compter ce qu’en détruisent les animaux