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derrière, ramène le sable par-dessus et recouvre bien proprement le tout. Maintenant sa tâche est accomplie ; le cœur joyeux, elle regagne lestement le bord et se plonge dans les flots.

Mais les Tortugas ne sont pas les seuls lieux où les tortues viennent ainsi déposer leurs œufs. Ces animaux visitent plusieurs autres clefs et même diverses parties de la côte sur le continent. On en compte quatre espèces différentes qu’on connaît sous le nom de la tortue verte, la tortue à bec de faucon, la tortue à grosse tête et la tortue à trompe[1]. La première est la plus estimée comme article de table, et son mérite est bien apprécié de la plupart de nos épicuriens. Elle approche des rivages et entre dans les baies, les détroits et les rivières, dès les premiers jours d’avril, après avoir passé l’hiver dans les eaux profondes. Elle dépose ses œufs aux places qu’elle a préparées, et cela en deux fois, la première en mai, la seconde en juin. La ponte de mai est la plus considérable ; celle de juin l’est beaucoup moins, et le tout ensemble peut monter à environ deux cent quarante œufs.

La tortue à bec de faucon, dont l’écaille est si recherchée par le commerce et dont on se sert pour différents usages dans l’industrie et dans les arts, vient ensuite pour la qualité de sa chair. Elle ne fréquente

  1. Chelonia Mydas, ou tortue franche. — Chelonia imbricata, ou caret. — Chelonia couana, ou la couane. — Trunk turtle (Trionyx ferox), ou la grande tortue à écaille molle de Bartram. Voy. Holbrook, Erpétologie des États-Unis.