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donner autour de son ouvrage, et par ses chants prolongés et continuels, semblait plutôt se féliciter de ses progrès que songer, pour le moment, à les pousser plus loin. Au soir, je trouvai l’extérieur du nid complètement achevé ; j’introduisis avec précaution mon doigt dedans : la doublure n’était point encore commencée, probablement à cause de l’humidité qu’avait conservée le chaume. J’y revins encore une demi-heure après, avec un de mes cousins : non-seulement l’oiseau s’était aperçu que son nid avait été envahi, mais, à ma grande surprise, je reconnus que dans sa colère, il en avait bouché l’entrée, pour en pratiquer une nouvelle du côté opposé de la haie. L’ouverture était fermée avec de la vieille paille, et le travail si proprement exécuté, qu’il ne restait plus de trace de l’ancienne porte. Tout cela pourtant, était l’ouvrage d’un seul oiseau ; et durant tout le temps qu’il mit à bâtir, nous ne remarquâmes jamais d’autre troglodyte en sa compagnie. Dans le choix des matériaux aussi bien que dans l’emplacement du nid, il y avait quelque chose de vraiment curieux. Ainsi, bien qu’au fond et sur les côtés, le jardin fût bordé d’une haie épaisse dans laquelle il eût pu s’établir en parfaite sûreté, et que tout auprès fussent les étables avec une ample provision de paille fraîche, cependant il avait préféré le vieux chaume et la clôture du haut du jardin. Cette partie de la haie était jeune, maigre et séparée des bâtiments par un étroit sentier où passaient et repassaient sans cesse les domestiques ; mais les interruptions venant de ce côté lui étaient, je m’imagine,