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ment abondants, et en plein chant, bien que l’air fût toujours très froid, et même que des glaçons pendissent encore à chaque rocher (on était au 9 mai). Le 11 juin, ils se montrèrent non moins nombreux sur les îles de la Madeleine, et je ne me rendais pas trop compte de quelle manière ils avaient pu venir jusque-là ; mais les habitants me dirent qu’il n’y en paraissait aucun de tout l’hiver. Le 20 juillet enfin, je les retrouvai au Labrador, en me demandant de nouveau comment ils avaient fait pour atteindre ces rivages perdus et d’un si difficile accès. Était-ce en suivant le cours du Saint-Laurent, ou bien en volant d’une île à l’autre au travers du golfe ? Je les ai rencontrés dans presque tous les États de l’Union, où cependant je n’ai trouvé leur nid que deux fois : l’une près de la rivière Mohauk, dans l’État de New-York ; l’autre dans le grand marais de pins, en Pensylvanie. Mais ils nichent en grand nombre dans le Maine, et probablement dans le Massachusetts, quoiqu’il y en ait peu qui passent l’hiver, même dans ce dernier État.

Je ne connais aucun oiseau de si petite taille, dont le chant ne le cède à celui du troglodyte d’hiver. Il est vraiment musical, souple, cadencé, énergique, plein de mélodie ; et l’on s’étonne qu’un son si bien soutenu puisse sortir d’un aussi faible organe. Quelle oreille y resterait insensible ? Lorsqu’il se fait entendre, ainsi qu’il arrive souvent, dans la sombre profondeur de quelque funeste marécage, l’âme se laisse aller à son charme puissant, et par l’effet même du contraste, en éprouve d’autant plus de ravis-