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une telle violence, qu’on s’expose à une mort certaine en les approchant. Cette mère n’avait qu’un petit avec elle, et nous nous assurâmes, en l’ouvrant, qu’elle ne devait encore en avoir qu’un l’année prochaine. Cependant le nombre ordinaire est de deux, presque invariablement un mâle et une femelle. Nous les abattîmes l’un et l’autre, en leur envoyant à chacun une balle dans la tête.

L’élan présente avec le cheval de grands rapports de conformation, et plus encore quant au naturel. Il a beaucoup de sa sagacité et de ses dispositions vicieuses. Nous eûmes une excellente occasion pour nous assurer de la finesse excessive de son ouïe et de son odorat : un de ces animaux, que nous tenions près de nous, dressa tout à coup les oreilles et se mit sur le qui-vive, averti à n’en pas douter de l’approche de quelqu’un ; environ dix minutes après, nous vîmes arriver un de nos chasseurs qui, au moment dont j’ai parlé, devait être éloigné de nous d’au moins un demi-mille ; et cependant l’élan avait le vent contraire !

Ces animaux aiment à brouter la sapinette, le cèdre et le pin, mais ne touchent jamais au sapin du Canada[1]. Ils mangent aussi les pousses de l’érable, du bouleau, et les bourgeons des divers autres arbres. En automne, on les attire en imitant leur cri, que l’on dit véritablement effrayant : le chasseur monte sur un arbre, ou se cache dans quelque endroit où il n’ait rien à craindre ; puis il imite ce cri, en soufflant dans une trompe

  1. Hemlock spruce, que les Français du Canada désignent sous le nom de Perusse.