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mis hors d’atteinte. Généralement ils vont dans la direction du vent, en faisant de fréquents et brusques détours pour ne pas en perdre l’avantage. Quoiqu’ils enfoncent à chaque pas jusqu’aux flancs, on ne peut les forcer en moins de trois ou quatre jours. Les femelles, au contraire, sont remarquablement grasses ; il n’est pas rare qu’une seule fournisse cent livres de suif brut.

Mais revenons au jeune mâle, qui avait regagné sa remise.

Nous le trouvâmes encore plus intraitable que la femelle, qui était restée dans l’étable. Il avait foulé la neige sur un petit espace autour de lui et ne voulait pas en sortir, bondissant avec fureur chaque fois qu’on s’approchait de trop près. Il ne nous était pas très facile de faire nos évolutions sur des raquettes ; et craignant, si nous voulions à toute force nous en emparer, qu’il ne se fît trop de mal, en se débattant, pour qu’on pût le conserver en vie, nous décidâmes de le laisser là et d’en chercher un autre, dans des conditions plus favorables pour être pris. Selon moi, le seul moyen d’en avoir sans les blesser, c’est, à moins qu’ils ne soient tout jeunes, d’attendre qu’ils se trouvent épuisés et complétement sans défense, de les lier étroitement et de les tenir ainsi jusqu’à ce qu’ils soient devenus pacifiques et aient pu se convaincre que toute résistance est inutile. Si on leur laisse la liberté de leurs mouvements, ils se tuent presque toujours, comme nous le reconnûmes par expérience.

Le lendemain, nous sortîmes encore. Les Indiens