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Un bon chasseur reconnaîtra, même d’assez loin, non-seulement l’existence d’une de ces remises, mais il dira dans quelle direction elle est située, et presque exactement à quelle distance. C’est par certaines marques que portent les arbres qu’il s’en assure : les jeunes érables, et spécialement le bois d’élan[1] et le bouleau, ont l’écorce toute rongée d’un côté, jusqu’à une hauteur de cinq ou six pieds ; les jeunes branches sont mordillées, avec l’empreinte des dents laissée dessus d’une telle manière, que l’on peut dire, sans se méprendre, la position de l’animal pendant qu’il les broutait. En suivant la voie qu’indiquent ces marques, le chasseur les trouve de plus en plus distinctes et rapprochées, jusqu’à ce qu’enfin il arrive à la remise. Mais les élans n’y sont déjà plus. Avertis par l’ouïe et l’odorat, très fins chez eux, ils ont depuis longtemps quitté la place. Généralement il n’en reste aucun ; ils partent tous, les plus vigoureux guidant les autres par une seule trace, ou bien en deux ou trois bandes. Quand ils sont poursuivis, d’ordinaire ils se séparent ; excepté les femelles, qui gardent avec elles leurs petits et vont devant pour leur frayer le chemin dans la neige. Jamais elles ne les abandonnent, quel que soit le danger, mais les défendent jusqu’à ce qu’elles succombent sous les coups du chasseur impitoyable. Les mâles, plus spécialement les vieux, sont très maigres en cette saison ; ils fuient avec une extrême rapidité, et à moins que la neige ne soit d’une épaisseur extraordinaire, ils se sont bientôt

  1. Moose-wood (Acer pensylvanicum, Lin.), ou érable jaspé.