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sidérablement affaissée ; et là, nous eûmes occasion de reconnaître de quelle force il fallait qu’il fût doué pour sauter par-dessus des obstacles comme ceux qui lui barraient le passage. Par endroits, la neige formait de tels monceaux, qu’il semblait absolument impossible qu’aucun animal pût les franchir. Et cependant, nous trouvions qu’il l’avait fait et d’un seul bond, et qui plus est, sans laisser la moindre trace ! Je n’ai pas mesuré ces tas de neige, et ne puis dire exactement leur hauteur ; mais je suis persuadé que, pour quelques-uns, elle ne s’élevait pas à moins de dix pieds.

Nous commençâmes à dépouiller notre élan, dont nous enfouîmes ensuite la chair sous la neige, où elle se conserve des semaines. En l’ouvrant, nous restâmes surpris de la grosseur des poumons et du cœur, comparés avec le contenu de l’abdomen. Le cœur était certainement plus volumineux, que celui d’aucun autre animal que j’eusse encore vu. La tête offre une grande ressemblance avec celle du cheval ; mais le mufle est plus de deux fois plus large et susceptible de s’allonger considérablement quand l’animal est en colère. On donne comme un fait certain, dans quelques descriptions, que l’élan est court d’haleine et a le pied tendre ; mais ce que je puis certifier, c’est qu’il est capable de supporter un très long et très rude exercice, et que ses pieds, du moins d’après tout ce que j’ai pu observer, sont aussi durs que ceux d’aucun autre quadrupède.

Le jeune élan était si épuisé, si abattu, qu’il se laissa conduire sans résistance à notre camp. Mais au milieu de la nuit, nous fûmes réveillés par un grand bruit dans