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jusqu’à ce qu’elles commencent à pondre. Alors, d’elles-mêmes, elles s’éloignent pour sauver leurs œufs des atteintes du mâle qui les briserait infailliblement parce qu’il y voit un obstacle à ses amoureux ébats. Les femelles ont donc grand soin de l’éviter, ne lui accordant plus que quelques instants chaque jour ; et alors aussi, les mâles deviennent maussades et négligés ; plus de combats entre eux, plus de glous-glous, ni de fréquents appels. Ils prennent un air si indifférent, que les poules sont obligées de faire elles-mêmes toutes les avances ; elles ne cessent de glousser bruyamment après eux, elles les poursuivent, les caressent, et emploient tous les moyens pour ranimer leur expirante ardeur.

Quand les coqs sont perchés, il leur arrive parfois de faire la roue et de glouglouter ; mais bien plus souvent, ils étalent et relèvent leur queue, qu’ils rabaissent ainsi que leurs autres plumes, immédiatement après avoir produit avec leurs poumons, ce bruit de puff puff qui leur est particulier. Durant les nuits claires, ou quand la lune brille, ils se livrent à cet exercice par intervalles de quelques minutes, et cela, pendant des heures entières, sans bouger de place, et même parfois, sans prendre la peine de se lever sur leurs jambes, principalement vers la fin de la saison des amours. Les mâles, à cette époque, tombent dans une grande maigreur ; ils cessent leurs glous-glous, et leurs caroncules deviennent flasques. Ils se séparent des femelles dont ils semblent abandonner entièrement le voisinage. Je les trouvais blottis le long d’une souche, dans quelque partie retirée des bois ou d’un champ de cannes ; et souvent