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émotions d’un amant : plein d’espoir et triomphant, il croyait déjà posséder l’objet de ses vœux ; mais l’instant d’après il s’arrête irrésolu, et doutant même que tous ses efforts aient pu lui plaire.

Souvent plusieurs de ces oiseaux semblent s’appeler l’un l’autre, des diverses parties de la forêt, principalement vers le soir ; et comme à ce moment presque tous les autres chants ont cessé sous le feuillage, on écoute ceux de la grive avec un redoublement de plaisir. Alors, c’est comme une lutte d’harmonie où chaque individu veut l’emporter sur son rival ; et j’ai cru remarquer que, dans ces rencontres, leur exécution devenait beaucoup plus parfaite encore, car elle déploie une souplesse, une abondance, une variété de modulations qu’il m’est tout à fait impossible d’exprimer. Ces concerts se prolongent jusqu’après le coucher du soleil ; c’est au mois de juin qu’on les entend, pendant que les femelles sont sur leurs œufs.

Cette grive glisse légèrement à travers les bois, et accomplit ses migrations sans se montrer dans les champs, ni dans les plaines. Elle réside constamment dans la Louisiane, où reviennent aussi prendre leurs quartiers d’hiver les nombreux individus qui avaient été nicher dans les diverses parties des États-Unis. Elle arrive en Pensylvanie au commencement ou au milieu d’avril, et de là monte graduellement vers le Nord.

Leur nourriture se compose de baies et de petits fruits qu’elles se procurent dans les bois, sans avoir jamais maille à partir avec le fermier. Ce n’est que par