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qu’il est mort, le vainqueur se met à piétiner dessus, et, chose étrange, ce n’est pas avec une apparence de haine, mais de l’air et avec les mouvements qu’il se donne quand il caresse sa femelle.

Une fois que le mâle a découvert et accosté la femelle, celle-ci, lorsqu’elle est âgée de plus d’un an, se met elle-même à se pavaner, à glouglouter, à tourner autour du mâle qui continue de son côté à faire la roue ; puis, ouvrant les ailes tout à coup, elle s’élance au-devant de lui, comme pour couper court à ses délais, se foule par terre, et reçoit ses tardives caresses. Si c’est une jeune poule, le mâle change son mode de procéder : il se pavane d’une manière différente, moins pompeusement, mais avec plus d’ardeur ; il se meut plus rapidement, quelquefois voltige autour d’elle, comme font certains pigeons et plusieurs autres oiseaux ; puis, redescendu par terre, il court de toute sa vitesse, environ l’espace de dix pas, tout en frottant ses ailes et sa queue contre le sol. Alors il se rapproche de la craintive femelle, calme ses frayeurs en faisant entendre son plus doux ron-ron, et finit, quand elle y consent, par lui prodiguer ses caresses.

Je pense que quand un mâle et une femelle se sont ainsi appariés, leur union est formée pour toute la saison ; et cependant le mâle ne borne nullement ses soins à une seule femelle ; car j’ai souvent vu un coq faire la cour à plusieurs poules, lorsque pour la première fois, il se rencontrait avec elles dans le même lieu. Après cela, les poules suivent leur coq favori, et se perchent dans son voisinage immédiat, sinon sur le même arbre,