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que la terre est montée à un trop haut prix. Ce sont des gens qui, ayant une famille d’enfants robustes et aventureux, se trouvent dans un grand embarras pour les mettre en position de se suffire à eux-mêmes. Ils ont appris de bonne source que la contrée qui s’étend le long des grands cours d’eau, à l’ouest, est de toutes les parties de l’Union la plus riche par son sol ; que c’est là qu’il y a le plus de bois de construction et le plus de gibier ; qu’en outre, le Mississipi est la grande route pour l’aller et le retour de tous les marchés du monde, et que chaque vaisseau qui vient sur ses eaux apporte aux nouveaux établissements le moyen de se procurer, soit par achat, soit par échange, les principales commodités de la vie. À ces recommandations s’en ajoute une autre d’un plus grand poids sur des personnes du genre de celles que je viens de nommer : je veux dire, la perspective de posséder de la terre, et peut-être de la garder nombre d’années, sans payer prix, redevance, ni taxe d’aucune espèce. Que de milliers d’individus, dans toutes les parties du globe, tenteraient volontiers fortune, sur de pareilles espérances !

Mon intention n’est pas, croyez-le bien, de revêtir de trop hautes couleurs le tableau que j’entends soumettre à votre examen. Au lieu donc de supposer des individus qui aient ainsi quitté nos frontières de l’est (et certes il n’en manque pas), je vous présenterai les membres d’une famille venue de la Virginie, en vous donnant d’abord une idée de leur condition, dans cette contrée, avant qu’ils se décident à émigrer vers les régions de l’ouest. La terre qu’ils possédaient de père