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chargé de constater le résultat des coups, de rallumer la chandelle, si par hasard elle était éteinte, ou de la remplacer, au cas qu’elle fût coupée en deux. Chacun tirait à son tour ; il y en avait qui ne frappaient jamais ni mèche ni chandelle : ceux-là étaient salués par un grand éclat de rire ; tandis que d’autres la mouchaient parfaitement sans l’éteindre, et voyaient leur adresse récompensée par de nombreux hurrahs. L’un d’eux était particulièrement habile et très heureux : sur six coups, il mouchait trois fois la chandelle, et du reste, ou l’éteignait, ou la coupait immédiatement au-dessous de la flamme.

J’en aurais bien d’autres à raconter, de ces prouesses accomplies par les Kentuckyens avec la carabine. Dans chaque partie de cet État, quelque rares qu’y soient les habitants, tout homme qu’on rencontre est porteur de cette arme, aussi bien que d’un tomahawk. Souvent, par manière de récréation, ils détachent d’un arbre un quartier d’écorce dont ils font comme un bouclier au milieu duquel ils collent un peu de poudre mouillée avec de l’eau ou de la salive, pour figurer l’œil d’un buffle ; puis ils tirent à ce but jusqu’à leur dernière balle.

Imaginez, après cela, quelle fête c’est pour un Kentuckyen, quand il s’agit d’abattre du gibier ou de tuer un ennemi ! Je le répète, il n’est pas un homme dans ce pays qui n’ait la carabine à la main, depuis le jour où il est en état de la porter à son épaule, jusqu’à la fin, pour ainsi dire, de sa carrière. Cet instrument meurtrier est pour eux le moyen de se procurer la sub-