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nous atteignîmes un terrain plat que couvrait une forêt de noyers et de chênes. Comme la glandée en général avait donné cette année-là, on voyait des écureuils gambadant sur chaque arbre autour de nous. Mon compagnon, homme grand, robuste, aux formes athlétiques, n’ayant qu’une grossière blouse de chasseur, mais chaussé de forts mocassins, portait une longue et pesante carabine qui, disait-il tout en la chargeant, n’avait jamais manqué, dans aucun de ses essais précédents, et qui certainement ne se conduirait pas plus mal dans la présente occasion, où il se faisait gloire de me montrer ce dont il était capable. Le canon fut nettoyé, la poudre mesurée, la balle dûment empaquetée dans un morceau de toile, et la charge chassée en place à l’aide d’une baguette de noyer blanc. Les écureuils étaient si nombreux, qu’il n’était nullement besoin de courir après. Sans bouger de place, Boon ajusta l’un de ces animaux qui, nous ayant aperçus, s’était blotti contre une branche, à environ cinquante pas de nous, et me recommanda de bien remarquer l’endroit où frapperait la balle. Il releva lentement son arme jusqu’à ce que le petit grain qui est au bout du canon (c’est ainsi que les Kentuckyens appellent la mire) fût de niveau avec le point où il voulait porter. Alors retentit comme un fort coup de fouet, répété dans la profondeur des bois et le long des montagnes. Jugez de ma surprise : juste sous l’écureuil, la balle avait frappé l’écorce qui, volant en éclats, venait par contre-coup de tuer l’animal, en l’envoyant pirouetter dans les airs, comme s’il y eût été lancé par l’explosion d’une mine. Boon entre-