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ment à se tirer de l’eau. Il est à remarquer qu’immédiatement après qu’ils viennent de traverser ainsi une grande rivière, on les voit courir çà et là pendant quelque temps comme au perdu ; c’est en cet état qu’ils deviennent facilement la proie du chasseur.

Quand ils sont parvenus aux lieux où le fruit abonde, ils se partagent en plus petites troupes, composées d’individus de tout âge et de tout sexe confusément mêlés, et dévorent tout devant eux. Cela arrive vers le milieu de novembre. Parfois ils deviennent si familiers après ces longs voyages, qu’on en a vu s’approcher des fermes, se réunir aux volailles domestiques, et entrer dans les étables et dans les granges pour chercher la nourriture. Ainsi rôdant à travers les forêts et vivant de leurs produits, ils passent l’automne et une partie de l’hiver.

Dès le milieu de février, l’instinct de la reproduction commence à exercer sur eux son empire. Les femelles se séparent et s’enfuient des mâles. Ceux-ci les poursuivent hardiment et commencent à glouglouter, ou à marquer sur d’autres tons leur enivrement. Les deux sexes perchent à part, mais non loin l’un de l’autre. Quand une femelle pousse une note d’appel, tous les mâles à portée de l’entendre lui répondent, roulant notes sur notes avec tant de précipitation, qu’on dirait que la dernière veut sortir en même temps que la première.

Leur queue, alors, n’est pas étalée, comme quand ils font la roue par terre, autour des femelles, ou qu’ils s’arrangent sur les branches des arbres pour y passer la nuit, mais plutôt à la façon du dindon domestique, lorsqu’un bruit soudain ou inaccoutumé l’excite à ses