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pauvre bruant qu’elle avait tué ou trouvé mort dans la volière. Il ajouta qu’après avoir guetté cette alouette plus de vingt minutes, il l’avait parfaitement vue le bec plongé dans le corps jusqu’aux yeux, et qu’elle paraissait l’ouvrir et le fermer alternativement, comme pour aspirer les sucs de la chair. Deux jours après, la même alouette tua deux pinsons qui avaient les ailes rognées, et les mangea avec non moins de plaisir.

Dans la dernière partie de l’automne, aussi bien qu’en hiver, ces alouettes sont une source d’amusement, surtout pour les chasseurs novices. On les vante même comme un excellent gibier : je ne dis pas non pour les jeunes ; mais l’apparence huileuse et jaunâtre de la chair des vieilles, sa dureté et la forte odeur d’insectes qu’elle exhale, empêchent qu’elle ne soit réellement un mets agréable. On en vend néanmoins sur presque tous nos marchés. Durant les mois d’hiver, elles s’associent fréquemment avec la tourterelle de la Caroline, diverses espèces d’étourneaux et même des perdrix. Elles aiment à passer leur temps dans les champs de blé, après que le grain a été ramassé, et souvent font leur apparition chez les planteurs, jusque dans la cour aux bestiaux. En Virginie, on les connaît sous le nom de vieilles alouettes des champs.

Posées à terre, elles marchent bien et rappellent beaucoup la manière de l’étourneau, auquel jusqu’à un certain point on peut les dire alliées. En l’air, on les voit rarement voler assez près l’une de l’autre, pour qu’il soit facile d’en tuer plusieurs à la fois. Si elles sont blessées, elles fuient avec vitesse et se cachent si