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diguent l’un à l’autre des soins continuels et assidus, et ne se montrent pas moins attentifs pour leur couvée. Pendant que la femelle est sur le nid, le mâle non-seulement ne la laisse manquer de rien, mais l’égaye constamment par ses chansons, en même temps qu’il la rassure par la surveillance qu’il déploie autour d’elle. Si quelqu’un approche, il s’élance immédiatement, passe et repasse au-dessus du lieu où il la croit parfaitement cachée, voltige aux alentours, et souvent, hélas ! révèle ainsi lui-même la présence de son trésor.

Excepté les faucons et les serpents, l’alouette des prés n’a que peu d’ennemis en cette saison. Le fermier prudent et éclairé se rappelle le bien qu’elle fait à ses prairies en détruisant des milliers de larves, et il se garde de la troubler. Même, s’il trouve son nid en fauchant, il laisse debout la touffée d’herbe qui le contient ; et il n’est pas jusqu’aux enfants qui ne respectent d’ordinaire les parents et la jeune couvée.

Cependant je ne veux pas dire que cette alouette ne fasse absolument aucun mal. Dans les Carolines, nombre de cultivateurs expérimentés s’accordent à dénoncer ses ravages, et l’accusent d’arracher, au printemps, les avoines nouvellement semées, comme aussi d’aimer à déterrer le jeune blé, le froment, le seigle et le riz. Elle a, en captivité, un autre défaut que je n’aurais pas soupçonné avant mon dernier voyage à Charleston : en février 1834, le docteur Samuel Wilson m’apprit que l’une des alouettes des prés qu’il avait achetées au marché parmi beaucoup d’autres oiseaux, ne s’était pas gênée pour manger, sous ses yeux, un