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d’un cri aigu et querelleur, et continue à la harceler, jusqu’à ce qu’au bout d’une centaine de verges, elle l’abandonne tout à coup ; et les deux oiseaux rejoignent leurs camarades qui toutes ensembles poursuivent leur voyage en bonne amitié. Lorsqu’en passant ainsi elles ont découvert suffisamment de nourriture dans quelque endroit, elles descendent petit à petit, et viennent se poser sur quelque arbre détaché ; puis, comme s’étant donné le mot, chacune se met à fouetter de la queue, à sautiller en faisant entendre une note d’appel retentissante et douce. Alors elles volent à terre, l’une après l’autre, et commencent à se rassasier. Mais de place en place, on aperçoit un vieux mâle qui dresse la tête, jetant autour de lui un regard inquiet et scrutateur ; et s’il soupçonne le moindre danger, il donne immédiatement l’alarme par un cri de ralliement fort et prolongé. À ce signal, toute la troupe est sur le qui-vive et se tient prête au départ.

C’est de cette manière qu’en automne l’alouette des prés se dirige, des parties septentrionales du Maine, vers la Louisiane, les Florides ou les Carolines, où elle abonde pendant l’hiver. À cette époque, dans les Florides, les landes couvertes de pins en sont remplies ; et quand le feu a été mis à la surface du sol par les pâtres du pays, la couleur de ces oiseaux paraît aussi enfumée que celle des moineaux qui habitent Londres. Il y en a que les tiques infestent au point de leur faire perdre presque toutes leurs plumes ; et en général, elles paraissent beaucoup plus petites que celles des États de l’Atlantique, probablement à raison même de cette rareté