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dans une autre, on voit les dindons se diriger petit à petit vers ce point, en trouvant de plus en plus de nourriture, à mesure qu’ils approchent du lieu qui en est le mieux pourvu ; et c’est ainsi qu’ils s’en vont, troupe après troupe, se suivant les uns les autres, jusqu’à ce qu’un district soit entièrement abandonné, tandis qu’un autre se trouve inondé de ces nouveaux venus. Mais comme ces migrations n’ont rien de périodique et couvrent une vaste étendue de pays, il devient indispensable d’indiquer de quelle manière elles s’accomplissent.

Vers le commencement d’octobre, lorsqu’à peine quelques graines et quelques fruits sont tombés des arbres, ces oiseaux s’attroupent et se mettent lentement en marche vers les riches vallées de l’Ohio et du Mississipi. Les mâles, ou, comme on les appelle plus communément, les coqs d’Inde, réunis par sociétés de dix à cent, cherchent leur nourriture à part des femelles ; tandis que celles-ci se tiennent seule à seule, emmenant chacune sa jeune couvée, alors aux deux tiers venue, ou bien se joignent à d’autres familles qui forment ensemble des compagnies de soixante à quatre-vingts individus. Mais toutes, elles sont fort attentives à éviter la rencontre des vieux coqs, qui, lors même que les jeunes ont acquis leur complet développement, se battent avec eux, et souvent les détruisent par des coups répétés sur la tête. Vieux et jeunes, cependant, s’avancent dans la même direction et par terre, à moins que leur voyage ne soit interrompu par le cours d’une rivière, ou qu’un chien de chasse ne les force à prendre