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sous le pont ; je le lui montrai du doigt, et de cette manière gagnai mon pari.

Cette règle d’observation, je l’ai toujours reconnue à la preuve, pour être réciproquement vraie, comme on dit en arithmétique : qu’on me donne la nature d’un terrain quelconque, boisé ou découvert, haut ou bas, sec ou mouillé, en pente vers le nord ou vers le sud, et quelle qu’en soit la végétation, grands arbres, essences spéciales ou simples broussailles ; et d’après ces seules indications, je me fais fort de vous dire, presque à coup sûr, quel est la nature de ses habitants.

Le vol de ce gobe-mouche est une succession de courtes saccades interrompues cependant par quelques mouvements plus soutenus. Lent, quand l’oiseau le prolonge à une certaine distance, il devient assez rapide lorsqu’il poursuit la proie. Parfois il monte perpendiculairement du lieu où il est perché pour attraper un insecte, puis revient se poser sur quelque branche sèche d’où il peut inspecter les environs. Il avale sa proie d’un seul morceau, à moins qu’elle ne se trouve trop grosse ; quelquefois il lui donne la chasse très longtemps, mais rarement sans l’atteindre. Quand il s’arrête sur la branche, c’est d’un air fier et résolu ; il se redresse à la manière des faucons, jette un regard autour de lui, se secoue les ailes en frémissant, et fouette de la queue qui se meut comme par un ressort. Sa crête touffue est généralement relevée, et son apparence propre, sinon élégante. — Le pewee a ses stations préférées et dont il s’écarte rarement : souvent il choisit le haut d’un pieu servant de clôture au bord de