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capricieuses sinuosités de son vol. Je laissai les pewees à leurs ébats, et regardant dans le nid, j’y aperçus leur premier œuf, si blanc et d’une telle transparence (transparence qu’il perd, je crois, bientôt après être pondu), que cette vue me fit plus de plaisir que si j’eusse trouvé un diamant d’une égale grosseur. Ainsi, sous cette frêle enveloppe existait déjà la vie ; et dans quelques semaines, une créature faible, délicate et sans défense, mais parfaite en chacune de ses parties, allait briser la coquille et réclamer les plus doux soins et toute l’attention de ses parents qui n’existeraient que pour elle ! Cette pensée remplissait mon âme d’un suprême étonnement. De même, regardant vers les cieux, j’y cherchais, hélas ! en vain, l’explication d’un spectacle bien autrement grandiose, mais non plus merveilleux.

En six jours, six œufs furent pondus ; mais j’observai qu’à mesure que leur nombre augmentait, la femelle restait moins longtemps sur le nid. Le dernier fut déposé en quelques minutes. Serait-ce, me disais-je, une prévoyance, une loi de la nature, pour conserver les œufs frais jusqu’à la fin ? Et vous, cher lecteur, qu’en pensez-vous ? Il y avait une heure environ que la femelle avait quitté son dernier œuf, lorsqu’elle revint, se mit sur son nid, et après avoir, à plusieurs reprises, arrangé ses œufs sous sa plume, étendit un peu les ailes et commença doucement la tâche pénible de l’incubation.

Les jours passèrent l’un après l’autre. Je donnai des ordres formels pour que personne n’entrât dans la caverne, ni même n’en approchât, et pour qu’on ne dé-